Chicago – Une aventure presque réelle à l’Art Institute

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Il devait être dix ou onze heures du matin. La salle était vide. Pas de foule. Pas de touristes. Seulement eux et moi.

Vous êtes déjà entrée dans un tableau comme dans ceux de Mary Poppins ? Moi, ça m’arrive tout le temps. Je regarde un tableau, et je saute dedans, pieds joints. Comme ce jour là, à l’Art Institute, devant ce tableau d’Edward Hopper. A chaque fois que je vois cette toile, je me pose mille questions. Qui sont ces gens ? A quoi pensent-ils ? Pourquoi sont-ils-là ? Qui est cette femme ? Qui sont ces hommes ? Est-ce que celui de gauche est là par hasard, ou est-il venu assassiner l’une des personnes à droite ? Est-ce un tueur à gages ? Le serveur est-il complice ? La femme est-elle la maîtresse de l’homme de gauche, et l’a t-elle payé pour éliminer son mari riche, assis à côté d’elle? Où l’homme à côté d’elle est-il seulement son amant, et est-ce lui qui a demandé à celui de gauche de le débarrasser de cette maîtresse encombrante ? On remarque que cela se passe à une époque où les gens pouvaient encore fumer parce qu’il y a une publicité pour des cigares au dessus de la vitre. Et que nous ne sommes pas dans un restaurant chic parce qu’aucun restaurant chic n’aurait une pauvre petite porte comme celle du fond, ni un comptoir en bois simple comme ça, ni des murs sans aucun ornement comme ceux-là. La fille est une jolie rousse très soignée, les hommes sont élégants, en costume-cravate et chapeaux. C’était à une époque où les gens s’habillaient bien, même pour aller au snack du coin. Qui aurait pu jouer leurs rôles ? Bogart ? Joseph Cotten ? Barbara Stanwyck ? Et ce serait un film noir, bien-sûr, réalisé par John Huston, sur un scénario de Dashiell Hammett ou Raymond Chandler par exemple…

Voilà ce que j’appelle un bon tableau. On y plonge, on vit une aventure, on pars loin et ailleurs (dans mes voyages, et quand j’écris mes livres, je suis souvent inspirée par des tableaux). Celui-ci me fait penser aux snacks où nous sommes tous entrés prendre un café un jour ou l’autre, en arrivant dans une ville inconnue. Aux gens que nous croisons en nous demandant quelles peuvent être leurs vies, et qui font sourire parce que nous trouvons drôle de partager ce moment d’intimité ensemble (comme ici, il y a deux ans, en Alaska).

Cette toile s’appelle « Nighthawks », elle a été peinte par Edward Hopper en 1942 et se trouve à l’Art Institut of Chicago.

J’en profite pour vous donner des sites d’amies peintres : Caroline MattéoliAlexandra Verga.

Chicago – Almost a real adventure at the Art Institute

It must have been ten or eleven o’clock in the morning. The place was empty. No crowd, no tourists. Just them, and me.

Have you ever entered a painting, as in Mary Poppins? It happens to me all the time. I look at a painting, and jump in with both feet. Like that day at the Art Institute, standing before that work by Edward Hopper. Each time I see this painting, I ask myself a million questions. Who are these people? What are they thinking? Why are they there? Who is the woman? Who are the men? Is the man on the left there by chance, or has he come to murder one of them on the right? Is he a hired killer ? Is the barman an accomplice? Is the woman a mistress of the man on the left, or has she paid him to dispose of her rich husband sitting beside her? Or is the man beside her only her lover and it is in fact he who has asked the man on the left to rid him of a cumbersome paramour?

One can see that the scene takes place at a time when smoking was still allowed, as there is an advertisement for cigars above the window. And we are not in an elegant restaurant, for none would have that mean little door in the background, or the simple wooden counter, or those stark bare walls. The girl is a pretty, redhead, well groomed. The men are smart, in suits, ties and hats. At that time people dressed, even to go to the snack-bar around the corner. Who could have played the roles of these people? Bogart? Joseph Cotten? Barbara Stanwick? It would be a film noir, a detective fiction, of course, directed by John Huston, and based on a screenplay by Dashiell Hammett or Raymond Chandler, for example.
For me, this is a good painting. You plunge into it, you live an adventure, you travel far and away (when traveling and when I write my books I am often inspired by a painting). This one makes me think of the innumerable snack-bars that we have all known at one time or another, stopping off for a coffee, in an unknown city. Of the people who cross our path, who make us wonder what kind of lives they lead, and smile at the thought of that funny and intimate moment spent together. Like here, two years ago in Alaska.

This work by Edward Hopper, « Nighthawks », was painted in 1942, and hangs at the Art Institute of Chicago.

I take this opportunity to give you the sites of painter friends: Caroline MattéoliAlexandra Verga.

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